Il faisait les cent pas.

En mouvement continu sur son estrade, Cadeyrn ne pouvait s'empêcher de bouger en ce matin du 3 septembre. Il avait passé une nuit épouvantable. Il n'avait pas rêvé du désastre que pouvait être son premier cours de l'année, ni d'insultes que l'on aurait pu lui envoyer à l'aide d'une beuglante au cours du petit-déjeuner. Non. C'était la mort, qui l'inquiétait. La guerre. Elle ne le quittait pas. Durmstrang avait beau être redevenu un véritable institut, il avait beau avoir quitté les rangs des Traqueurs, il ne se sentait pas en sécurité. Et pourtant, il devait assurer celle de ses élèves. Ses élèves qui le détestaient en majorité. Il soupira. Cela faisait une heure qu'il attendait dans sa salle. Il était en avance, beaucoup trop en avance. D'ordinaire, il serait arrivé cinq minutes avant le début du cours, après avoir passé quelques temps dans le réfectoire. Mais depuis la rentrée, il n'avait envie de voir personne. Ou du moins, personne n'avait envie de le voir.

7h55. Les premiers élèves s'installaient dans la salle. Il s'agissait du premier cours de l'année, ouvert à toutes les années et tous les niveaux. Un véritable rappel de notions fondamentales dont la majorité des élèves avait besoin compte tenu de l’irrégularité des enseignements l'année précédente. Il s'avança vers le tableau, faisant grincer le parquet de l'estrade, et écrivit à la craie : Professeur Turner – enseignement n°1 – introduction à l'art des potions. Il se retourna, puis fit face à son assemblée. A sa grande surprise, la salle était presque pleine. Il sourit.

« Bonjour à tous. Je suis très heureux de vous retrouver pour cette nouvelle année à Durmstrang. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis le professeur Turner, en charge du cours de Potions à l'institut de la première à la cinquième année. Je suis également le directeur du niveau Mokop, et suis en charge de quelques enseignements à l'université. » Il sourit à nouveau. « Vous me trouverez aussi au club de randonnée et de Quidditch, où je vous recommande fortement de participer. Il est important pour des étudiants, quel que soit leur niveau, de se dépenser dans une activité sportive. Qui plus est dans une institution aussi stressante que Durmstrang. » Il marqua une pause, tout en s'appuyant contre son bureau. « On raconte tout un tas de choses à mon égard à l'institut. J'aimerais donc que les choses soient claires. Je suis rigoureux et sévère dans ma notation, mais je sais tenir compte du niveau de chacun et surtout, de votre participation. Dans mon cours, le manque d'assiduité est sanctionné, tout comme tout comportement irrespectueux ou inaproprié. N'arrivez pas en retard, écoutez, concentrez-vous, et tout se passera bien. En revanche, n'assistez pas aux cours, ne participez pas aux activités, soyez laxistes et méprisants et vous ne tiendrez pas bien longtemps dans ce cours. Vous êtes ici pour apprendre, pas pour vous amuser. L'art des potions peut souvent s'avérer dangereux, aussi il est important que vous restiez concentrés du début à la fin dès que vous vous trouvez dans cette salle. » Il ne souriait plus, et affichait un air sévère. « Avec moi, vous apprendrez à nettoyer une maison autant qu'à provoquer la mort. Vous jouerez des sentiments et transformerez en animal. Vous vous amuserez, mais surtout, vous apprendrez à vous débrouiller. Camoufler votre identité. Tuer un virus. Effectuer des expérimentations. Bref. L'art des potions vous apprendra à vous épanouir et à sortir des situations les plus difficiles. L'année sera dure. Mais je suis persuadé que toutes et tous, vous réussirez. »

Il s'avança dans les rangs, conscient d'avoir réussi à capter l'attention de ses élèves. Il avait laissé la porte ouverte, conscient d'avoir débuté son cours en avance. « Bien. Nous allons pouvoir commencé. Il s'agit aujourd'hui d'une simple introduction, de rappels de base. Si vous allez assez vite, nous aurons le temps de concocter une potion à la fin du cours. J'espère que vous avez apporté vos fournitures. Pour débuter, quelqu'un pourrait-il m'indiquer quelles sont les précautions d'usage, matérielles et psychologiques, à effectuer avant de commencer l'élaboration d'une potion ? »

– – – – – – – – – – – – – – –

Merci de vous inscrire au préalable dans ce sujet avant de participer au cours. Privilégiez des posts courts, 20 lignes maximum. Le RP doit être dynamique et permettre la participation d'un maximum. N'attendez pas la permission du professeur pour répondre à une question, parlez directement. Chaque bonne réponse vous apportera des points pour votre niveau, plus ou moins importants selon la question posée. Tout comportement irrespectueux entraînera des sanctions, allant du retrait de points à la retenue. Une fois le premier tour passé (tous les inscrits ont répondu), vous serez considérés comme retardataires. Il n'y a pas d'ordre de passage, répondez quand vous voulez. Merci à tous pour votre participation.

Premier cours de potion de l'année, huit heures du matin. Depuis que Lotta s'est réveillée, on pourrait croire qu'elle traine un boulet à son pied. Et que plus l'heure du cours approche, plus il se fait lourd.
Il faut dire, pour sa défense, qu'elle déteste les cours de potions. Elle déteste les professeurs de potions. Elle détestes les potions. Elle déteste les chaudrons, les fioles et les ingrédients. Elle déteste se faire engueuler car elle n'arrive pas à faire une potions correcte.
Vous l'aurez compris, elle n'a aucune envie d'aller à ce cours. Malheureusement, il est obligatoire pour tous les élèves, elle avait donc pris tout son matériel et se rendrait donc au cours tel un criminel va à l’échafaud.

Le seul point positif de ce cours, même si ce n'était pas grand chose, était le professeur. Cadeyrn Turner, qui avait retourné sa veste, était moins détestable que l'autre prof' de potion qu'elle avait eu. Il semblait même ... gentil. Bien que de nombreux bruits courts sur lui et avec ce qu'il avait fait, peu de personne l'appréciaient. Mais Lotta, elle, avait rapidement pardonné ce qu'il avait fait. Parce que finalement, on peut toujours être dans le mauvais camp, il faut juste s'en rendre compte et être assez fort pour en changer.

Voilà donc Lotta qui arrivait dans la salle quelques minutes avant le début du cours. Elle ne salua pas le prof', préférant être invisible, mais lorssqu'elle croisa son regard, elle lui fit un sourire timide pour lui montrer son respect. Elle écouta donc le discours du professeur lorsqu'elle fut installée au milieu de la classe. Elle écouta d'ailleurs la première question, et même si elle en connaissait plus ou moins la réponse, elle se garda bien de dire quelque chose. Ne voulant pas être victime des moqueries des Mokop qui n'hésitaient jamais de la rabaissé.

Le plus dur, c'était de retourner dans un monde où tout semblait plus simple. Comme si avec le temps, les miracles semblaient devenir commun. On avait tous un peu trop perdu, on avait tous un peu trop regardé autour de nous, sans savoir ce qui allait se passer. Sans savoir comment on pourrait s'en sortir, parce qu'on avait perdu. Avec le temps, les choses avaient changé. Avec le temps, elles s'étaient modifiées. Et plus personne ne semblait pouvoir faire les bons choix. On était tous terrifié de vivre dans un monde où la guerre serait encore de mise, et où personne ne pourrait nous aider.

Elle arrive à l'intérieur de la salle, et elle se place sur les rangs de droite, contre le mur, au niveau du milieu de la salle. Ça faisait tellement de temps qu'elle n'avait plus porté son uniforme. Elle avait l'impression de rentrer dans un nouveau monde, un monde où elle n'avait plus besoin de se battre, comme avant. Un monde où elle n'avait plus besoin d'avoir peur, tout en regardant par dessus son épaule. « Pour débuter, quelqu'un pourrait-il m'indiquer quelles sont les précautions d'usage, matérielles et psychologiques, à effectuer avant de commencer l'élaboration d'une potion ? »

Elle attend un peu, et elle voit que personne ne répond, alors elle lève sa main, en prenant la parole. Après tout, c'était le début d'une nouvelle vie. Et si elle voulait suivre un cursus à l'université de Durmstrang, elle devait oublier le fait qu'il y a quelque temps, elle n'était rien de plus qu'un soldat. « Vérifier l'état du chaudron, et avoir ses ingrédients. S'il est sale, on risque de tout faire rater. Ou de mélanger des restes de précédentes potions avec celle que l'on essaie de faire. Ensuite il faut se couper de toute distraction et rester concentré. » Elle croise ses bras, et regarde ailleurs, avant de marmonner. « Ça devrait pas être si compliqué que ça pour certains. »

Il retrouvait d'anciens élèves. Des têtes connues. Des têtes qu'il aurait préféré oublier. Des élèves avec lesquels il s'était battu. Des élèves qu'il aurait été prêt à tuer, des mois plus tôt. Des personnes qui l'avaient changé. Des soldats. Il avait beau faire tous les efforts du monde, il n'arrivait pas à se détacher de cette image qu'il avait d'eux. Des vétérans, dont aucun n'avait encore atteint la vingtaine. Il avait du mal à les regarder. Il avait du mal à constater leur douleur, leur souffrance, et leurs faux airs d'élèves heureux. Car ils ne l'étaient pas. Aucun d'entre eux ne pouvait l'être

Une voix s'éleva alors et le sortit de sa torpeur. Une voix familière. Solomonia. Il fut surpris de l'entendre. Non pas car il ne l'entendait que rarement – même si ces derniers temps, leurs rencontres s'étaient faites plus rares – mais plutôt car c'était bien la première fois qu'il l'entendait prononcer un mot dans son cours de potions. Même ça, ça avait changé. « Très juste, Miss Marcovic, 20 points pour Mokop. » Il sourit à son élève avant de reprendre, sans écouter ce qu'elle venait de marmoner – elle ne pouvait s'empêcher d'en rajouter. « Je suis persuadé que tout le monde en avait conscience. N'est-ce pas Miss Häkämies ? » s'écria-t-il en posant la main sur la table de l'élève qui s'était assoupie. « Quelqu'un saurait-il me rappeler quelles sont les grandes catégories dans lesquelles nous classons les potions ? »